Quito est une ville coloniale ancienne, où sont nées de nombreuses légendes, qui sont aujourd’hui encore très vivaces. Racontées en famille, étudiées à l’école, et même mises en scène et rejouées !
Parmi les légendes les plus connues de Quito, il y a celle qui entoure la fondation de la Basilique San Francisco, une église à l’architecture typiquement coloniale mais pourtant très singulière, qui trône au cœur du centre historique de la capitale de l’Équateur: c’est la légende de Cantuña. Comme toute légende, il existe des variantes, mais voici à peu près ce qu’il s’est passé :
L’histoire commence alors que des moines franciscains décident de faire construire une grande église en plein centre de Quito. Pour réaliser ce chantier, ils choisissent Cantuña, un indigène fort et travailleur. Ils lui promettent de lui payer une somme considérable, mais à la stricte condition que l’église soit terminée en six mois maximum.
Cantuña se met immédiatement au travail, mais le chantier est énorme, il rencontre des difficultés inattendues, et le temps passe trop vite. Il se rend bientôt compte qu’il ne pourra pas terminer le chantier à temps. La dernière nuit avant l’échéance, alors qu’il désespère, le diable se présente à lui et lui propose un marché : il terminera le chantier à sa place, avant le lever du jour et en échange, Cantuña lui donnera son âme. L’indigène ne voit pas d’autre choix et accepte le marché.
A ce moment apparaissent des dizaines de diablotins qui soulèvent les grosses pierres sans difficulté et montent les murs de l’église très rapidement. Cantuña comprend que le diable va terminer à temps et qu’il devra lui donner son âme. Il s’approche discrètement, retire l’une des pierres et la cache sous son manteau. La nuit s’achève, l’église est construite et le diable se présente devant Cantuña pour réclamer son dû. Quand il veut prendre son âme, il n’y arrive pas. Il ne comprend pas pourquoi. Cantuña lui dit qu’il n’a pas tenu parole, qu’il n’a pas terminé de construire l’édifice. Le diable voit alors la pierre sous le manteau de Cantuña, se fâche, essaye de la lui reprendre, mais le jour se lève déjà. Le diable disparaît, les moines franciscains viennent admirer l’église, et payent à Cantuña la grosse somme d’argent qu’ils lui avaient promise.
A Quito, cette légende est gardée bien vivante, il y a régulièrement des représentations de théâtre de rue ou des visites guidées du centre historique sur cette thématique, notamment lors des célébrations de la Toussaint et des Défunts ou à l’occasion des fêtes de commémoration de la fondation de Quito. A ne pas manquer !
Et surtout, allez visiter cette très belle église et essayez de trouver la fameuse pierre manquante ! Il paraît que du côté Sud, au niveau des marches, on peut voir une certaine asymétrie…