Jours fériés et pont en Équateur
Cette année, le “pont” de la Toussaint a été très favorable aux Équatoriens. Le jour de la Toussaint et le jour des Défunts sont tous deux des jours fériés dans ce pays, et cette année cela tombait un lundi et mardi. Et le gouvernement a également décidé d’ajouter sa touche à la fête. Traditionnellement, le 3 novembre est un jour férié local, dont bénéficient les habitants de Cuenca, en l’honneur de l’anniversaire de l’indépendance de cette ville. Cette année, cette journée a été déclarée jour férié à niveau national, dans le but avoué de réactiver le tourisme national, si durement touché depuis le début de la pandémie. De nombreux Équatoriens en ont donc profité pour s’offrir jusqu’à 5 jours de repos (!), certains à la plage, d’autres en montagne…
Tradition et commémoration des défunts en Équateur
Dans un pays fortement religieux, le férié de la Toussaint et des Défunts n’est bien sûr pas seulement synonyme de repos, mais aussi de traditions, de recueillement, de célébration des défunts. Comme dans de nombreux autres endroits du monde, c’est l’occasion de nettoyer les tombes des défunts, de les fleurir. Dans certaines communautés rurales, s’y ajoutent d’autres belles traditions: un cercle familial plus ou moins étendu se donne rendez-vous au cimetière, chacun apporte un plat traditionnel et tous s’installent autour de la tombe ou des tombes de leurs bien-aimés défunts pour faire un pique-nique. Loin d’être macabre, cette tradition a pour but de partager un moment joyeux, de raconter aux morts les dernières nouvelles de la famille, bref de maintenir les liens familiaux. De cette façon, la visite au cimetière n’est pas un moment triste, mais réellement une réunion festive.
L’an dernier, à cause de la pandémie de Covid-19, le gouvernement avait décidé de fermer tous les cimetières lors des fêtes de la Toussaint et de Défunts, afin d’éviter tout risque de foule, car il leur semblait trop difficile de faire respecter une distanciation sociale dans ce contexte. Cette année, les gens étaient donc soulagés et heureux de pouvoir renouer avec leurs traditions et aller rendre hommage à leurs défunts, d’autant plus que de nombreuses familles ont perdu des êtres chers durant la pandémie, et ont été privés des rituels et cérémonies d’adieu.
La nourriture typique de la Toussaint en Équateur
Qui dit fête dit nourriture !
Depuis le début du mois d’octobre (déjà!), les boulangeries ont commencé à mettre en vente les spécialités du jour des Défunts : « guaguas de pan » et « colada morada »
Guaguas de Pan
En traduction littérale, cela signifie « enfants de pain ». « Guagua » est en effet un mot très utilisé en Equateur pour désigner de façon générale les enfants, les petits. Attention cependant à ne pas essayer d’utiliser ce mot dans d’autres pays hispanophones, on ne vous comprendrait pas ! Tout simplement parce que c’est un mot issu de la langue locale Quichua, qui sert à désigner les bébés (on rencontre d’ailleurs 2 écritures possibles : guagua ou wawa).
Mais que sont-elles, ces guaguas de pan ? Comme leur nom l’indique, ce sont des petits pains au lait en forme de bébé, ou d’enfant, à la décoration très colorée (voir la photo d’illustration). Il y a de nombreuses variations possibles à ces pains : de petite taille individuelle ou grande à partager, fourrées (à la crème, à différentes confitures, au chocolat…), décorée de sucre coloré ou enrobée de chocolat…
Souvent, les enfants reçoivent également leur guagua de pan à l’école, quelques jours avant la Toussaint.
Bref, toutes les boulangeries et pâtisseries rivalisent d’imagination et de couleurs pendant un bon mois et demi, pour le plus grand bonheur des gourmands !
Colada Morada
Il s’agit de la boisson qui accompagnera votre petit pain, un jus de fruit épais à la couleur violet foncé très reconnaissable. Elle provient d’une vieille recette traditionnelle précolombienne, et se prépare avec de nombreux ingrédients typiques de la région andine. Quand je dis nombreux, ce n’est pas courant de préparer un jus de fruits avec pas moins de 25 ingrédients ! N’est-ce pas ? Sans en faire la liste complète, il y a une variété de fruits locaux (mûres, fraises, myrtilles, mais aussi ananas, naranjilla ou morelle de Quito…), de la farine de maïs violet (qui donne à la boisson son épaisseur mais aussi sa couleur violette), ainsi que des herbes et des épices (clous de girofle, cannelle, citronnelle…), sans oublier le sucre, généralement du sucre de canne entier non raffiné. Pour ceux qui souhaitent préparer cette recette à la maison, certains magasins, marchés et supermarchés se remplissent des ingrédients nécessaires à cette époque de l’année, certains proposent même des paquets regroupant tout, car certains ingrédients très spécifiques peuvent être difficiles à trouver.
La colada morada est une boisson unique en son genre, épaisse, sucrée, avec des morceaux de fruits, c’est toute une expérience mais ça en vaut le coup, c’est délicieux !
Comme c’est le cas pour de nombreux plats traditionnels saisonniers, on ne les trouve pas toute l’année, mais on aime pouvoir les déguster plus qu’un seul jour dans l’année. Vous pourrez donc trouver les guaguas de pan et la colada morada dès le début du mois d’octobre, et pendant une bonne partie du mois de novembre, avant qu’ils soient totalement remplacés par la nourriture associée à la période de Noël.