La beauté de voir tant de fierté pour ce « petit » pays de l’olympisme
Durant l’été 2021, de nombreux fans ont soutenu de loin leurs athlètes nationaux défendant leurs couleurs dans les 59 sports et 400 compétitions des Jeux Olympiques de Tokyo.
Comme toujours, les grandes nations olympiques se mesuraient et se comparaient chaque jour, se disputant les premières place du classement général par nation, tout en commentant les résultats et la forme de leurs différents sportifs. Parallèlement, les plus petits pays se réjouissent de participer, et leurs athlètes de pouvoir représenter leur nation dans ce grand rendez-vous mondial. L’Équateur fait partie de ces pays plus modestes, qui arrivent généralement avec des prétentions modestes, se réjouissant d’entrer dans les top 10.
Alors bien sûr, quand on vient d’un pays avec un grand nombre d’excellents athlètes, on est fier d’entendre son hymne national à chaque victoire, mais on est loin d’imaginer le degré de fierté ressenti par les ressortissants de pays qui n’ont que rarement cet honneur!
L’histoire olympique de l’ Équateur
L’Équateur a pourtant une longue histoire olympique. Sa première participation remonte aux Jeux Olympiques de Paris en 1924, le Baron Pierre de Coubertin ayant invité l’un de ses amis, un diplomate équatorien, à intégrer le Comité International Olympique. Après quelques années d’absence, l’Équateur a ensuite pris part à toutes les éditions des jeux d’été depuis 1968. Pourtant, jusqu’en 2020, son palmarès ne comptait en tout et pour tout que deux médailles, une médaille d’or et une médaille d’argent. Les deux récompenses ont été ramenées par un seul et même athlète, autant dire une légende dans son pays : Jefferson Pérez. Il a participé à 5 olympiades, entre 1992 et 2008, dans l’épreuve du 20km marche masculin. En 1996, aux Jeux d’Atlanta, il est rentré dans l’histoire de son pays en remportant sa toute première médaille d’or. C’était un 26 juillet, et désormais le 26 juillet a été décrété Journée Nationale des Sports en Équateur. En 2008, pour sa dernière participation, Pérez a remporté la toute première médaille d’argent pour son pays.
Tokyo 2020 a révolutionné l’histoire olympique de l’Équateur, devenant la meilleure édition que le pays ait jamais connue. Bien que préparés, motivés, et pour certains athlètes, cités parmi les favoris dans leur discipline, les athlètes équatoriens ont créé la surprise avec leur moisson exceptionnelle.
Les athlètes Équatoriens entrés dans l’histoire du monde olympique et surtout l’histoire du sport de leur pays
Le premier, Richard Carapaz, déjà une fierté nationale pour son palmarès cycliste, et après une excellente saison marquée par une 3e place au Tour de France, était logiquement parmi les favoris pour l’épreuve de cyclisme sur route. Non content de ce statut, il réalise une course jugée « spectaculaire » et remporte la médaille d’or. Son commentaire : « Pour mon pays, la vérité c’est qu’il faut y croire, non ? ».
Le 1er août, Neisi Dajomes, 23 ans, devient la première femme à gagner une médaille d’or pour l’Équateur, dans l’épreuve d’haltérophilie 76kg, dames. Le lendemain, sa collègue Tamara Salazar remporte la médaille d’argent en haltérophilie, dames, dans la catégorie 87kg. Tout aussi émerveillé que ses championnes, le pays n’en revient pas ! En à peine plus d’une semaine, l’Équateur a plus que doublé le nombre de médailles remportées dans toute son histoire olympique.
Les athlètes paralympiques ont également écrit l’histoire sportive nationale
Quelques semaines plus tard, les athlètes paralympiques sont venus ajouter à cette gloire. Une nouvelle médaille d’or (Poleth Méndez en lancer de poids féminin), et deux médailles de bronze (Anais Méndez en lancer de poids féminin et Kiara Rodriguez en saut en longueur féminin).
La fierté nationale et la fête
La fierté équatorienne était belle à voir, et elle l’est encore dans les journaux, les magazines, les vitrines de magasins, notamment les magasins de sport, où les photos des athlètes olympiques ont remplacé les habituelles photos de stars du football. Leur exemple relance les financements pour les associations sportives, incitant les jeunes Équatoriens à s’intéresser à d’autres sports que le foot et le vélo. Les enseignants de sciences sociales prennent également les nouveaux champions en exemple. Enfin, les autorités nationales n’ont pas manqué de rendre honneur aux nouveaux héros nationaux. Ils ont été reçus par le Président, des fêtes ont été organisées, et les athlètes récompensés nationalement. Le gouvernement a ainsi décidé de verser des primes : cent mille dollars pour les médaillés d’or, quatre-vingt mille pour l’argent, et soixante mille pour les médaillés de bronze. Le secteur privé s’est également mobilisé : les vainqueurs ont reçu en cadeau notamment des voitures neuves ou encore des bourses d’études de la part de plusieurs universités privées.
Bref, tout le pays s’est mobilisé pour remercier et fêter ceux qui ont mis l’Équateur sur la carte de l’olympisme, et nul doute qu’ils seront encore plus mobilisés pour Paris 2024 !