Je vous en ai déjà parlé dans un article précédent, obtenir son permis de conduire en Équateur n’est pas une partie de plaisir. Mais à moins d’habiter dans une assez grosse agglomération et à proximité de toutes les commodités (bravo si vous y parvenez!), la voiture va vraiment vous être utile, voire indispensable. Et à défaut, les transports en commun, bus ou taxi.
Dans tous les cas, qu’en est-il de la circulation ? Les règles sont-elles les mêmes, et sont-elles respectées ? Et la sécurité routière? Prendre la route en Équateur, est-ce sûr ou risqué ?
Circulation et embouteillages dans les villes d’Équateur
L’Équateur est un petit pays, dont la majeure partie est rurale. Les soucis de circulation et les éventuels embouteillages concernent donc avant tout les deux principales villes d’Équateur : la capitale, Quito, et la ville portuaire de Guayaquil, centre économique du pays. Ces deux villes sont très différentes et ont des problématiques propres.
Conduire à Quito
Plan de la ville de Quito et aménagements routiers
Avec un peu moins de 500 ans au compteur, Quito est une ancienne ville coloniale aux nombreuses petites rues. Les quartiers anciens comptent de nombreuses rues en sens uniques, ainsi que des croisements parfois biscornus. Les quartiers plus modernes de la ville, quant à eux, ont un plan plus quadrillé. La ville est traversée du nord au sud et d’est en ouest par plusieurs gros axes à plusieurs voies, et de grandes avenues permettent pour ainsi dire de faire tout le tour de la ville. Attention cependant à certaines constructions pouvant vous dérouter : des ponts ou tunnels ayant pour but de désengorger les grands axes en vous permettant de traverser plus aisément un ou plusieurs carrefours… mais qui peuvent aussi, si vous vous trompez d’embranchement, vous emmener dans une partie totalement opposée de la ville !
A l’intérieur de la ville, vous constaterez des situations et des aménagements très divers, très inégaux. Autant les grands carrefours sont munis de feux alternant permettant à chacun d’avoir son tour pour passer, autant les croisements avec de plus petites rues sont dotées au mieux de panneaux stop, vous condamnant parfois à devoir attendre longtemps l’opportunité de vous engager sur le grand axe. De la même façon, tout autour de Quito, de grands rond-points permettent d’accéder à la ville : si certains sont dotés de feux de signalisation pour aider à fluidifier le trafic, d’autres n’en ont que partiellement, et dès que le trafic s’intensifie, il devient difficile de s’y engager.
Influence de la géographie de Quito
Quito est une ville de montagne, et son plan est nécessairement influencé et limité par ce fait géographique. De nombreux quartiers sont construits à flanc de montagne, ainsi que dans les vallées environnantes. Ainsi, les banlieues se développent de plus en plus dans les vallées environnantes, et chaque jour le trafic entre la ville et sa vallée est très dense. De ce fait, il y a plusieurs « autoroutes », ou voies rapides, permettant de les relier, et qui sont en fait des routes de montagne. Aux jours et heures de pointes, les alternatives sont minimes, ce qui provoque des embouteillages. Il existe constamment un risque, en particulier les jours de pluie, d’éboulements et glissements de terrain, de chutes d’arbres, et les accidents sont réguliers, quasi quotidiens.
L’un des accès depuis l’une des vallées les plus peuplées, vers la capitale, se fait via un tunnel. Pour éviter sa congestion, la circulation est alternée aux heures de pointe : le matin, on peut uniquement circuler de la vallée vers la ville, en fin de journée le tunnel ne fonctionne que dans le sens ville vers vallée, par contre le reste de la journée et la nuit la circulation peut se faire dans les deux sens.
Trafic et restrictions à Quito : du « Pico y Placa » au « Hoy no Circula »
Avec un peu plus de 2 millions d’habitants, Quito est une capitale de taille modeste, mais le nombre de véhicules ne cesse d’augmenter. Début 2010, la métropole a mis en place un système de circulation alternée constant. Pendant de nombreuses années, il consistait à limiter la circulation aux heures de pointe, matin et soir, par un système de restrictions selon le jour et le numéro de plaque d’immatriculation.
Constatant que l’impact sur la pollution comme sur les embouteillages était insuffisant, Quito est passé en septembre 2019 à un système plus contraignant, le « Hoy no Circula », qui interdit totalement la circulation d’un véhicule de 5h à 20h, un jour par semaine, toujours selon le numéro de plaque. Lors de la pandémie de Covid-19, le « Hoy no Circula » a été suspendu, avant d’être remplacé par un « Hoy Circula », limitant l’autorisation de circulation selon les plaques à maximum 3 jours par semaine.
Conduire à Guayaquil
Plan de la ville de Guayaquil et aménagements
Guayaquil n’est peut-être pas la capitale de l’Équateur, mais c’est sa capitale économique et la plus grande ville du pays, avec plus de 2,6 millions d’habitants. Située sur la côte, c’est également le plus grand port du pays, en faisant le point d’entrée et de sortie principal pour l’import-export.
Résolument plus moderne que Quito, Guayaquil a un plan urbain très américain : un plan quadrillé, de grandes avenues aux nombreuses voies de circulation, permettant de traverser la ville sans pour autant entrer dans ses différents quartiers.
Parmi ceux-ci, il y a des quartiers plus anciens, à l’architecture classique, aux rues bordées d’arbres et de petits trottoirs. D’autres quartiers sont résolument plus modernes, quartiers d’affaires et de centres commerciaux aux bâtiments flambants neufs.
Influence de la géographie de Guayaquil
La ville est également longée par une autoroute pour faciliter son contournement. Cela pourrait laisser à penser que la circulation y est facile et fluide, mais c’est oublier que Guayaquil est une ville d’eau, traversée par le fleuve Guayas et entourée d’autres cours d’eau. Il y a donc des ponts à traverser, notamment pour qui veut se rendre dans les zones industrielles de Duran ou les zones résidentielles des classes supérieures à Samborondon. Aux heures de pointe, il y a donc un trafic très dense aux abords des ponts permettant de traverser l’imposant fleuve.
Trafic et restrictions à Guayaquil
Contrairement à la capitale, Guayaquil n’a pas mis en place de restrictions de circulation. Les habitants sont donc libres de circuler tous les jours de la semaine.
État des routes en Équateur
Maintenance des routes en Équateur
Il y a vraiment deux extrêmes en Équateur quand on parle de qualité et d’état des routes et voiries. D’un côté, il y a de très « belles routes », des voies rapides, larges, récentes, facilitant les connexions entre capitales régionales. D’un autre côté il y a les routes plus modestes, certaines anciennes, d’autres plus récentes, souvent mal entretenues.
Certaines sont abîmées, des trous se sont formés par usure ou à cause des intempéries. Parfois, vous rencontrerez des tronçons entiers où la couche supérieure a été retirée, signe de travaux de réfection imminents… sauf qu’ils ne seront pas forcément si imminent que cela, il peut se passer un long moment entre cette préparation aux travaux et la réalisation effective de ceux-ci… Et pendant ce temps-là, les véhicules doivent ralentir pour passer ces obstacles, zigzaguant entre les crevasses quand c’est possible, pour éviter d’abîmer leurs pneus…
Risques naturels en Équateur
Tremblements de terre, averses, grêles… De nombreux phénomènes naturels affectent l’état des routes en Équateur. Les intempéries sont régulières. En montagne, elles peuvent causer des éboulements sur les routes, des glissements de terrain, entraînant parfois une partie de la route, voire une voie entière. Vers la côte, ces mêmes intempéries provoquent des inondations, rendant les routes impraticables et abîmant leur revêtement.
Il faut toujours se renseigner sur la météo avant de prendre la route, si possible n’hésitez pas à repousser un voyage si on vous annonce de fortes intempéries. Les routes étant parfois dans un mauvais état, les risques d’accidents augmentent lorsque la météo est mauvaise.
Style de conduite des Équatoriens
Le mauvais état de certaines routes et les régulières intempéries n’expliquent pas à eux seuls que des accidents soient rapportés quotidiennement dans les journaux. Cela est aussi lié au style de conduite « freestyle » des Équatoriens. Ce que j’entends par là c’est qu’il y a d’une part le code de la route, que l’on doit apprendre, dont on doit réussir l’examen, et d’autre part il y a la réalité.
Pour les bus, la réalité c’est qu’ils sont nombreux à être payés au nombre de passagers transportés : ils ont donc tout intérêt à aller le plus vite possible pour augmenter le nombre de tickets vendus. Et dans une route sinueuse de montagne, un bus qui roule vite, ce n’est pas toujours rassurant. Si vous ne circulez pas en bus mais dans une voiture proche d’un bus : soyez prudents. Si vous le pouvez, évitez de le doubler, car dans les virages il peut déborder de sa voie et vous envoyer droit sur un autre véhicule. D’ailleurs, si vous roulez à vitesse modérée, vous verrez que c’est peut-être plutôt le bus qui va vous doubler !
Les taxis et autres Uber étant également rémunérés à la course, ils ne sont pas non plus toujours très regardants des limites de vitesse et autres stops et feux rouges.
Quels que soient les véhicules, ici les conducteurs ont tendance à avoir un style de conduite agressif, voulant passer à tout prix, ils n’hésitent d’ailleurs pas à forcer le passage. Il existe même des écoles de conduite offrant des stages de « conduite défensive », pour apprendre à réagir aux actions (parfois dangereuses) d’autres conducteurs.
Si vous êtes sur une autoroute ou voie rapide à plusieurs voies, ne vous étonnez pas de vous faire doubler de tous côtés : ici, il n’y a pas de règle, on passe là où il y a de la place. D’ailleurs, on ne reste pas forcément dans sa file : vous verrez régulièrement des véhicules à cheval sur plusieurs voies.
En montagne, attention des poids lourds ou autres véhicules lents peuvent se trouver devant vous quand vous sortez d’un virage en épingle. Il y a par endroits un élargissement des voies pour vous aider à doubler mais ce n’est pas systématique ni régulier.
Enfin, sachez qu’il y a beaucoup de véhicules anciens sur les routes, ce qui peut aussi représenter un risque de panne et/ou d’accidents.
En résumé, rouler en Équateur n’est pas de tout repos, cela nécessite d’être un conducteur plutôt chevronné, et surtout de ne pas manquer de sang froid. Si vous n’êtes pas du genre à pousser pour forcer le passage, vous prenez le risque d’attendre longtemps et de vous faire klaxonner par d’autres conducteurs. Mais ignorez-les, mieux vaut rouler trop prudemment que prendre trop de risques.
Mais surtout ne laissez pas cela vous décourager, l’Équateur est un pays magnifique, aux paysages très divers, et rien de tel que de le traverser en voiture pour pouvoir l’admirer au mieux !